Malgré une vive pression du gouvernement, des syndicats et une offre de dernière minute de Bouygues, le groupe Vivendi n’a pas cédé à la pression. Hier, samedi 5 avril 2014, ce dernier a vendu SFR au groupe néerlando-luembourgeois Numericable.
Une offre packagée de près de 17 milliards d’euros
C’est probablement l’une des plus grande bataille commerciale du siècle en France dans le secteur des Télécoms. Hier, les responsables de Vivendi ont retenu à l’unanimité l’offre proposée par Numericable pour le rachat de la filiale de téléphonie mobile SFR pour 13,5 milliards d’euros à la réalisation, 750 millions d’euros en complément et une participation de 20 % pour Vivendi dans le nouvel ensemble, qu’il pourra s’il le souhaite, céder ultérieurement.
Contrôler le second opérateur français
Le principal enjeu de cette opération commerciale était de contrôler le second opérateur français tant sur le plan financier, qu’humain. Pour revenir sur les derniers rebondissements, le 14 mars dernier, Vivendi était entré en négociations exclusives avec le groupe Altice/Numericable. L’offre proposée par Bouygues, 15 milliards d’euros en numéraire et 10 % du nouvel ensemble pour Vivendi, proposée par Bouygues, n’aura pas suffit à faire basculer la donne.
Le conseil de surveillance a préféré la proposition d’Altice/Numericable dont l’ensemble devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros selon Vivendi. Selon Vivendi, ce choix est justifié car il
Correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires.
Les emplois seront-ils préservés ?
Le gouvernement est fâché de voir passer SFR aux mains d’Altice/Numericable, car cette décision va à contre-courant de ses espérances. Pour rappel, le groupe néerlando-luembourgeois est coté à Amsterdam et son patron, Patrick Drahi, est un milliardaire franco-israélien vivant à Genève depuis une quinzaine d’années.
L’objectif du gouvernement, dont Arnaud Montebourg était un fervent partisan de l’offre Bouygues, souhaitait que cesse la guerre des prix qui sévit sur le marché de la téléphonie mobile depuis l’arrivée de Free Mobile. Cette guerre des prix ayant supprimé des milliers d’emplois chez les principaux acteurs historiques (Orange, SFR, Bouygues), notamment dans les centres d’appels ou le réseaux de boutiques.
La question que se posent aujourd’hui les syndicats et les salariés est donc de savoir si ce nouvel ensemble conservera les 9000 salariés de SFR. Sur ce sujet, hier, Arnaud Montebourg demandait à Numericable de « faire preuve de patriotisme économique ». Du côté de Vivendi, ce dernier assure que
Le projet industriel d’Altice/Numericable est celui qui garantit pleinement le développement de l’emploi dans la durée, notamment par les investissements qu’il implique.
Et le consommateur dans tout ça ?
Difficile de faire diminuer les prix en préservant autant d’emploi chez SFR. Si le nouvel opérateur décidait de se lancer dans la guerre des prix sans toucher aux emplois, il devrait alors délocaliser encore davantage ses centres d’appels et ses activités commerciales. La bataille qui se prépare risque d’être davantage tournée sur la qualité de l’offre que sur les prix des forfaits.